La chambre noire

   Je regarde mon téléphone portable ! Il vibre doucement sur la table du salon. Mes yeux se fixent sur l’appareil qui tremble, presque autant que moi. Il est dix neuf heures trente et je ne réponds pas à cet appel qui en fait n’en est pas un. C’est juste un signal que tu m’envoies. Je l’attendais depuis un bon moment déjà ce signe. Je sais que je ne peux plus vraiment reculer.

   Une semaine que nous avons toi et moi décidé de ce jeu. Quand je dis « nous » c’est un peu, beaucoup toi qui fixe les règles. Libre à moi de les accepter ou de les refuser, je dispose du droit au refus. Mais pour ce soir, j’ai décidé de jouer le jeu. Ce qui ne m’empêche nullement d’être tremblante devant l’appareil qui vient me dire qu’il était l’heure. Mais depuis deux jours, je sais que je suis prête, à te faire plaisir, à me faire plaisir.

   J’ai quarante six ans depuis quelques semaines, et les hommes se retournent encore sur mon passage, enfin, c’est ce que toi, Michel, mon mari  ne cesse de me répéter. Je me moque éperdument de l’opinion des autres, seule la tienne compte à mes yeux. Vingt cinq ans de vie commune et notre union n’a pas pris une ride. Un bonheur sans nuage, avec peut-être un orage parfois, quelques éclats de voix par-ci par-là,  mais rien de bien perturbant.

   Depuis des mois, tu as fait entrer dans ma tête ton fantasme. Tu aimerais me voir, m’entendre  faire l’amour avec un autre homme. Au début, j’ai pris cela assez mal, te répétant sans cesse que je considérais cela comme de la prostitution. Puis tu as eu le tact de ne pas trop insister, mais c’était pour mieux revenir à la charge, de manière plus détournée. Petit à petit, tu as réussi à me mettre dans le crane, des idées qui ne sortent, finalement que du tien.

   Je n’ai pas senti le vent qui tournait, mais fine mouche, tu as vite compris que l’attaque de front ne te serait d’aucune utilité. Tu es donc parvenu, lentement mais sûrement à faire germer en moi cette envie qui nous a mené à ce téléphone qui sonne. Ça t’a pris des mois de travail au corps, si j’ose dire, à distiller de manière presque subliminale ton envie, jusqu’à ce que  finalement,  j’ai l’impression, que celle-ci  est la mienne. Donc voila ce fichu portable qui me vrille les tympans de son vrombissement presque inaudible pourtant.

   J’ai passé la plus grande partie de l’après midi dans notre salle de bain. La douche d’abord ! Douce,  prise sous un jet d’eau tiède, calmant mes angoisses pour un temps, je me suis relaxée presque voluptueusement. Ensuite un maquillage fait lentement, avec toute l’attention qu’une femme peut porter à ce genre de détails. Puis le vernissage de mes ongles, là encore d’une minutie toute féminine ! Une chance que tu n’aie pas été présent, je suis certaine que cela t’aurait exaspéré.

   Ensuite ma coiffure, qui elle aussi prend un temps infini. Encore une  dernière touche à cette préparation lente, une touche de ton parfum préféré. Du même coup je l’ai adopté depuis longtemps et il finit de m’habiller vraiment. La cérémonie du choix de la jupe a elle, également un air de fête. Choisir ce qui cachera le haut de mon corps semble moins difficile puisque les vêtements sont accordés à la  teinte sombre de ce bas qui ne me couvre guère plus qu’un confetti.

   L’ensemble que me renvoie le miroir, me  donne l’impression d’être une gravure tout droit sortie d’un catalogue ! Mais tout me parait parfait, juste ce que tu dois attendre de moi, pour une soirée sortant de l’ordinaire. Le string mini, assorti à un soutien gorge des plus légers, ne laisse aucune trace visible sur la mini jupe noire. Pour finir, une paire de « Dim-up » noirs eux aussi, sans aucun motif, vient enfermer mes longues jambes dans un écrin de nylon,  doux au toucher. Me voici belle, du moins je l’espère.

   Je regarde mon téléphone portable ! Il vibre doucement sur la table du salon. Mes yeux se fixent sur l’appareil qui tremble, presque autant que moi. Je me lève sans précipitation. Quelles sont les instructions que tu m’as données ? En cet instant, j’ai les jambes en coton, je dois bien l’avouer. Je saisis le portable et la feuille manuscrite sur laquelle les directives sont tracées. Je me sens bizarre, mais curieusement mon ventre fait comme une  boule, une boule de chaleur. Maintenant que je dois passer à l’action, je ne sais plus si je vais avoir vraiment le courage d’aller jusqu’au bout de cette histoire.

   Alors que je passe devant la glace de l’entrée, je jette un regard sur cette silhouette qui semble pourtant bien être moi ! Allons ma fille un peu de cran ! Tu devais dire « non » avant, c’est trop tard désormais Pourquoi ai-je regardé de ce côté ? Ah oui ! C’est pour les clés de ma voiture, elles doivent être quelque part par ici ! Si je ne les trouvais pas, quelle aubaine ! Dommage, les voila accrochées bien sagement à leur place. Ma main tremble, mais elle saisit le sésame de la voiture.

   Pourquoi est ce que je n’arrive pas à faire le vide dans ma tête ? Il me faut vingt bonnes minutes pour rejoindre Remiremont et trouver l’hôtel où tu m’as donné rendez-vous. Vingt longues minutes qui me prennent toute mon énergie. Et si je reculais ? Et si et si, et si ? La petite voix dans mon crane me pousse de l’avant. Il fallait y penser plus tôt ! Ah tu te prends pour une femme libérée et bien tu vas devoir l’assumer ma belle ! Les premières maisons de la ville, la longue rue qui remonte vers le centre ! Là au fond de l’impasse, le parking du « cheval de bronze » !

   Mes jambes me portent à peine quand je pousse la petite porte qui s’ouvre sur un grand couloir avec des portes numérotées, comme dans tous les hôtels du monde. C’est au premier étage. Je longe les chambres du rez de chaussée, et voila les escaliers. J’ai appuyé sur le bouton de la minuterie. La lumière qui m’aveugle me laisse entrevoir les huis fermées, c’est la combien déjà ? 208 c’est le bon numéro ! Que disait ton papier ? Oui ! Je dois attendre que la lumière se soit éteinte pour entrer.

   Je suis au pied du mur. Dans le noir complet ! Je pose ma main sur la poignée de la porte et je la tourne. Si je ne tombe pas c’est un miracle, les pensionnaires de l’étage doivent entendre mon cœur battre, comme un roulement de tambour. Je suis entrée, refermant derrière moi la barrière qui me sépare du monde maintenant. Il ne se passe rien. Je devais faire quoi ? Oui ! Je dois avancer jusqu’à sentir le lit, mettre mes mains sur le pied de celui-ci et ne plus bouger.

   Mon cœur, sur que tu vas t’arrêter de battre, tu cognes tellement fort dans ma poitrine. Je fais un petit, tout petit pas. Droit devant moi, juste le grand vide,  puis un second et je suis contre ce maudit pied de lit. Je n’entends rien d’autre que les battements affolés de ce cœur qui doit déranger tous les résidents de cet étage. Que disait la feuille ? Mes mains sont bien sur la tige horizontale qui va d’un coté à l’autre du lit. Je ne ressens rien d’autre que ce creux au ventre, cette boule qui est montée dans ma gorge maintenant.

   Ensuite que dois-je faire ? Tu veux que j’écarte mes jambes au maximum, enfin il me semble que j’ai lu cela sur le courrier. Alors je fais comme c’est dit. Pourquoi ai-je cette peur au ventre ? Mon dieu, je vais finir par fuir cette fois pour de bon. Toujours rien, aucun signe de vie dans ce noir absolu. C’est une impression ou j’ai senti comme un souffle qui passait ? Je me raidis brutalement. Ma jupe courte est remontée et je ne sais pas par quoi ou plutôt par qui !

   Je ne dois pas bouger, c’est ce que tu m’as demandé. Alors mon corps se tend, dans une attente insupportable. Mes bas sont longés par je ne sais qui, ou par je ne sais quoi. Ce n’est pas un effleurement, juste une appréhension, juste la certitude que quelqu’un est dans mon dos et que ces gestes sont calculés. Je suis comme un arc, mais je suis là pour toi, pour te faire plaisir. Je ne sais pas si j’arriverai à aller là où tu veux que j’aille.

   Le souffle, je suis certaine que je l’ai entendu un peu plus fortement. C’est comme un soupir dans le noir et je ne suis pas rassurée pour autant. Pourquoi ai-je dit oui ? Je regrette de ne pas avoir voulu que cela se passe en pleine lumière, à la maison. Dans le calme de notre salon, j’aurais pu faire l’amour tranquillement avec toi, avec l’autre, avec les deux. Mais là j’ai la peur de ma vie. Tu es où ? Toi d’abord !  Rien, je ne sais plus rien de ce qui m’arrive.

   J’ai la sensation que le bas de ma ridicule petite jupe est soulevé. Elle se confirme par le frottement d’une main sur le nylon de mes bas. Je me crispe encore plus sur la traverse du lit. Je voudrais que la lumière vienne me sauver. Cette obscurité voulue par toi, ce noir c’est effrayant ! Je sais bien que c’est le fantasme de beaucoup d’hommes,  que de trousser une femme dans ces conditions là. Mais quand c’est soi-même qui se trouve dans la peau de la tripotée, c’est autre chose. La main, experte sans doute a réussi à remonter le peu de chiffon de ma jupe sur mes hanches.

   Je prie presque pour que cette main soit la tienne. Curieusement mon ventre est en ébullition ! Je sens un liquide frais qui me coule dans la culotte. Mes jambes écartées tremblent plus encore de ne pas savoir qui me touche. Un corps s’est collé au mien, et je suis pratiquement certaine que celui-ci est nu. Du reste contre l’une de mes cuisses, l’excroissance dure qui s’y frotte ne laisse planer aucun doute sur l’objet qui me frôle. Et en dépit de tout, cette situation m’affole plus que je ne le voudrais. J’ai envie, ou plutôt, je n’ai  plus envie que cela s’arrête.

   C’est mon souffle court que j’entends, mon cœur lui depuis bien longtemps bat à cent à l’heure. Celui qui se colle à moi est en érection, c’est sur. Du reste le sexe qui cogne entre mes deux cuisses me semble démesuré. Des mains viennent empaumer mes seins. Sur le tissu, elles se permettent des privilèges qui habituellement te sont réservés. Sans vergogne, malgré les vêtements, elles trouvent la pointe de mes nichons et les écrasent entre deux doigts. Je retiens de justesse un petit cri, mais le pincement est si fort que des larmes perlent sous mes paupières que j’ai fermées.

   Au  bruit, je le devine, quelqu’un bouge mais devant moi ! Donc celui-là est sur le lit, et c’est le froissement des draps sans doute qui provoque ce son que mes oreilles captent. Une main encore, se pose sur mon visage. D’emblée,  je sais que ce n’est pas une des tiennes. Un doigt dessine dans le noir le contour de mes joues, remonte vers une oreille, puis refait le chemin en sens inverse. Ensuite un autre doigt fait le même parcours sur l’autre face de mon visage. Les deux finissent par se rejoindre sur mes lèvres et d’une pression douce les obligent à s’entrouvrir.

   Ce noir, cette obscurité, donnent à ces gestes une autre dimension. Je comprends soudain pourquoi tu tenais tellement à cette mise en scène. C’est vrai que si la nuit totale de cette chambre décuple ma peur, elle me donne aussi un plaisir inconnu. Mon ventre est comme un volcan. J’ai l’impression que l’individu derrière moi, s’il passe sa main sur ma culotte va sentir cette humidité qui doit mouiller entièrement le peu de tissu. Les doigts sur ma bouche sont maintenant dans mon palais. Ils viennent lentement s’incruster entre mes dents, lissant la langue, fouillant dans cette cavité qu’ils explorent.

   Pas un seul mot n’a été prononcé depuis mon arrivée dans cette chambre. Rien ne me permet de savoir qui sont ces gens qui me touchent. Encore ce sentiment que le possesseur des doigts dans ma bouche, vient de bouger. Le son de ce lit qui remue, imperceptible pourtant, me dit que j’ai raison. Les doigts vont et viennent dans ma bouche et ils me font écarter les mâchoires, mine de rien, ils arrivent à me faire savoir ce qu’ils veulent. Mes seins sont eux aussi toujours les proies,  de celui qui me colle, dans mon dos.

   Qu’est ce que je dois faire ? Le papier ne donnait aucune indication sur la suite à venir  après mon entrée dans la chambre. Je le savais ! Celui qui est sur le lit est debout. Je le jurerais. Ce n’est pas bien long. Un sexe  tendu se pose sur ma joue. Les doigts, quand à eux continuent leurs allers et venues dans ma bouche et maintenant ma langue se frotte sur eux, alors que je les aspire doucement. Finalement je suce ces deux petites tiges qui ne se privent pas de ce plaisir. L’autre vient de lâcher enfin ma poitrine. Ma culotte descend le long de mes bas.

   J’ai désormais les fesses à l’air et mon chemisier est déboutonné par celui qui me serre de près. Devant,  la bite qui glisse sur mon visage est chaude, lisse. Elle semble agitée de soubresauts volontaires ou non. Mon soutien-gorge est dégrafé. Je n’ai pas cessé de cramponner la traverse du lit. Je ne retiens que de plus en plus difficilement, les gémissements d’envie qui montent dans ma gorge. Le gland passe sur, puis sous mon nez. Enfin, il dérive doucement vers l’endroit que les doigts gardent bien entrouvert. Je sens qu’une poussée légère est imprimée à cette verge qui reste d’une raideur impressionnante.

   La queue qui vient de remplacer les doigts, je sais que ce n’est pas la tienne. Aucun doute possible, ton vit, je le reconnaîtrais entre mille. Mais c’est amené en douceur et seul l’épisode « tétons », m’a été désagréable. Du reste, les mains qui viennent de me retirer, chemise et soutif, sont occupées à écarter mes fesses. Je remue mon derrière, je n’ai guère d’autre choix que de les laisser passer. La place est prise. Mon sexe baveux est investi par un, puis deux doigts. Ceux-ci débutent des mouvements  d’avant en arrière et je n’arrive plus à me concentrer sur ce phallus qui entre et ressort de ma bouche.

   Ma respiration n’est plus la seule à se faire entendre. Les soupirs qui fusent ne proviennent pas que de moi. Contre ma croupe, un visage est venu se coller à mes lèvres. Je suis fouillée par la langue méticuleuse de celui qui se trouve dans mon dos. Il me ramone aussi de plusieurs doigts, caressant le clitoris qu’il a su trouver. Cela m’entraîne dans une danse sur place frénétique. Je suce plus férocement le vit planté entre mes lèvres, j’arrive à un point où je ne fais plus trop de différence entre le bien et le mal, le bon et le mauvais.

   Mes derniers scrupules s’évaporent, se diluent dans cette fellation qui me donne envie d’aller plus loin. Cette langue qui me caresse la chatte, je voudrais qu’elle cède sa place à quelque chose de plus consistant. La furie, c’est moi désormais. Mes mains n’ont, finalement pas su rester sagement sur la traverse. L’une d’elle vaincue, est venue soupeser les bourses de cette bite qui me lime la bouche. Puis mes bras sont comme happés par deux étaux qui les maintiennent solidement. Je ne cherche nullement à résister.

   Est-ce que tu regardes ce qu’ils me font ? Ou te caches-tu dans cette chambre sans lumière ? Tu bande de me savoir ainsi à la merci de ceux que tu invites au festin de mon corps ? Bien sur que j’ai dit oui, bien entendu que je suis consentante. Les mots me reviennent en mémoire. Pas de violence as-tu dit. Et il n’y en a pas !  Juste un fantasme à assouvir ! Le tien que tu as si bien réussi à ancrer dans ma caboche. Et je suis là ! Les poignets maintenus par deux mains fortes. Si je ne me retenais pas, c’est moi qui réclamerais l’hallali. C’est moi qui crierais pour qu’ils me prennent.

   Mon ventre se creuse sous l’envie, sournoise et incroyablement violente qui me secoue alors que rien d’autres que deux mains me retiennent. Oui, j’ai bougé et la queue que je suçais à  quitter son refuge. C’est moi toute entière qui bouge maintenant. Je suis soulevée et portée, déposée délicatement sur le lit. Il est moelleux, les draps sont doux. Je me laisse faire, n’opposant aucune résistance à TES invités. Je sens que sur mon coté droit, le matelas reçoit un corps. Sur le gauche aussi quelques instants après. Je suis entre deux hommes, c’est certain.

   Tu m’en as tellement parlé que les images qui s’impriment dans mon crane, sont toutes comme les scènes d’un film revu des dizaines de fois. C’est bien moi qui tends la main vers le centre de celui qui est sur ma droite. Mon autre main part à la découverte de son double, sur la gauche. Quand mes doigts se referment, je cramponne deux sexes et ceux–ci sont totalement différents du tien. Quel effet bizarre cela me procure de tenir ces deux queues alors que je ne connais même pas le visage de ceux à qui elles appartiennent. Je suis toute puissante ! J’ai deux beaux jouets et ils sont d’une douceur exquise.

   Un visage vient sur le mien. Des lèvres se collent aux miennes que j’entrouvre volontairement, dans l’échange subtil d’un baiser surréaliste. L’autre n’est pas resté inactif et un de mes seins subit les assauts voluptueux d’une langue inconnue. Je suffoque vite sous le bécot long que finalement j’adore vraiment. Je reprends un peu d’air pour mieux replonger sur cette bouche qui n’attend que la mienne. Les langues s’emmêlent, se démêlent, se renouent pour mieux sentir la tendresse mise dans ce patin plein de promesse. Je suis conquise pour de bon.

   Les choses s’accélèrent dans cette chambre toujours aussi noire. Je n’ai plus aucun amour–propre, je suis à eux, je suis là pour ce plaisir que tu désires tant. Mais en profites-tu vraiment ? Me vois-tu comme cela ? Livrée comme tu l’espérais et pourtant depuis quelques minutes c’est moi qui mène le bal. Personne ne parle mais la chaleur prend encore quelques degrés. L’air se charge de toutes les senteurs de nos corps qui réagissent à l’émoi de l’envie. Je suis trempée, c’est une évidence, les caresses et les baisers là, me provoquent des sensations, jusque là inconnues. Je n’ai encore rien connu de tel ! Même avec toi, dans nos nuits les plus folles.

   Une bouche ventouse qui entrouvre mes lèvres, une autre qui délaisse mes seins pour un endroit ou depuis des années, la tienne seule avait droit de visite, je laisse faire. Je dirais que je précède parfois les mouvements de l’un ou de l’autre. En tous cas, tu as bien choisi ! Ils bandent bien les deux et leurs sexes qui se frottent sur moi, me montrent leurs duretés. Mais je ne sais toujours pas si tu m’as laissée seule avec eux, ou si tu joues les voyeurs, tapi dans un coin, immobile et invisible par la force de l’obscurité. Mais c’est le cadet de mes soucis. Je ne veux plus rien d’autre que ces queues qui se montrent de plus en plus pressantes.

   Celui qui est à gauche a  changé de position encore une fois et sa bite est venue dans ma bouche, comme si cela était naturel et qu’elle était vraiment chez elle entre mes lèvres. Le pire c’est que cette fellation m’enivre, me donne encore plus envie. Lequel écarte mes cuisses ? Quelle importance puisque l’un et l’autre ont tous les droits cette nuit. Ceux que tu leurs as donné en me faisant entrer dans cette pièce. Le bonheur quand une main s’infiltre entre mes jambes, remonte vers le volcan qui pleure d’attente, qui me fait tressaillir alors que ma chatte s’ouvre sous des doigts inquisiteurs !

   Ça y est, je sens entrer dans mon ventre cette chose palpitante alors que dans ma bouche l’autre sexe me lime lentement, très lentement. Puis alors que celui qui se colle à moi par derrière, et débute les mouvements rythmés d’un coït que j’attends, son compère lui, écarte mes cuisses largement. Sans quitter mon palais, où il persiste à faire aller et venir son organe tendu, sa bouche se colle sur mon clitoris et là soudain, dans le noir, enfin, comme une délivrance, mes cris jaillissent dans la pièce.

   Je sens les soubresauts de cette chose qui bouge entre mes lèvres, allant parfois si loin que j’en ai presque un haut le cœur. Je devine que ceux-ci sont les prémices d’une jouissance qu’il ne pourra plus contenir très longtemps. Alors je pompe cette bête qui m’ensorcelle, ruant du même coup avec mon bassin, alors que la langue tente de rester sur mon clitoris. Les coups de boutoir qui enfoncent l’autre queue en moi se font aussi plus secs, plus rapides. Les deux mâles râlent eux aussi, mais je me fiche pas mal de ce qu’ils attendent.

   Je suis une furie qui veut jouir, qui cherche maintenant ce plaisir que tu m’as demandé. Je crie en m’étouffant à demi avec cette  chose chaude qui se trémousse en moi et cette autre qui se contient encore, mais pour combien de temps ? Le liquide acre et onctueux qui se répand dans ma gorge ne m’arrête même pas ! J’avale cela sans ne me préoccuper de rien d’autre que cette recherche d’un plaisir qui monte doucement en moi.  Et les frémissements, suivis de cris étranges de l’autre mâle, m’avertissent qu’il ne pourra plus se retenir éternellement.

   La chaleur de cette bite qui me fouille, la douceur de celle qui finit de se vider et me voila partie, partie dans un monde de couleur, de saveur aussi différentes. Je sais parfaitement que je suis au point de non retour et les cris que je pousse lors de cette jouissance te sont tous destinés. Ils ne sont que pour toi ! Ces deux là, ne sont que l’exutoire de cette envie que tu avais et que tu m’as communiquée. Le bonheur d’être là, finalement efface le désarroi de me dire que je viens de devenir TA salope.

   Nous avons encore fait l’amour de manière plus traditionnelle. Ils ont rebandé l’un après l’autre, tentant même une double pénétration qui s’est soldée par un échec ! J’ai sans doute encore joui une fois ou deux. L’un d’entre eux a voulu une sodomie que j’ai refusée. J’aurais sans doute laissé faire dans l’action d’une double entrée,  mais pas dans une dérive solitaire. Puis tout est redevenu plus calme. Le plaisir retombé, je me suis réajustée, essuyée les traces de ces folies qui glissaient le long de mes cuisses ou sur mes fesses.

   Toujours dans le noir le plus complet, j’ai quitté la chambre 208. Le voyage du retour m’a paru plus court que l’aller, mais les sensations ressenties lors de cette folle nuit, sont toutes présentes à mon esprit. Ensuite la douche salvatrice dans notre chalet m’a remise en forme et j’aurais aimé, en me couchant que tu sois là. J’aurais voulu tes bras pour venir me daller contre toi, mais je me suis endormie, sans attendre ton retour. C’est encore mon téléphone portable qui me fait quitter le monde de rêve dans lequel je baigne depuis que je suis rentrée.

   Il est pratiquement midi ! La table est mise et ton sourire qui s’affiche me rassure totalement. Tu as sans doute aimé ces moments croustillants que j’ai moi, vécu avec tout le plaisir du monde. Le téléviseur allumé, son en sourdine, me présente des images. Toutes sont prises, c’est sur dans une chambre d’hôtel ! Une pièce sans lumière ! Sur celles-ci, on y voit une femme à qui deux hommes font l’amour.  Elle se comporte vraiment comme une salope. Le creux au ventre qui renaît en moi, est-il bien réel ? Ces images-là, elles ressemblent tellement à mon rêve de la nuit …

 –  Viens ! Viens Michel !  J’ai envie de faire l’amour ! Éteins cela ! Nous regarderons la fin plus tard !

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