Les hommes peuvent bien baiser avec autant de femmes qu’ils veulent, personne ne les traitera jamais de « salauds » ! Essayez donc comme moi, d’être une « nana » qui aime un peu plus le cul que la moyenne et vous me direz dans quelques jours comment les jolis mâles, même pas vraiment « machos », vous appellent !
Les paragraphes qui vont suivre sont tous inspirés de faits réels que j’ai vécus avec plus ou moins de bonheur ! Après, chacun imaginera pour sa propre satisfaction personnelle les suites différentes qui auraient pu être données à ces moments de vie ! Je me borne donc ici, à retranscrire les impressions qui sont les miennes, sur ces émotions que j’ai perçues, que j’ai aimées, mais aussi parfois détestées.
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D’aussi loin que remonte le temps dans ma mémoire, je revois les bancs de ma première école, pas la toute petite, non ! Celle où déjà, des pointes de seins venaient attiser les regards des garçons. Quinze ans, premiers flirts, premières « boum » comme on appelait cela à l’époque ! Pour moi, petite provinciale des montagnes, point de bal de fin d’année, pas non plus de grandes effusions pour les vacances.
Quinze ans, l’année où d’autres lèvres sont venues frôler les miennes, celle aussi où, une langue étrangère, pas l’allemand ni l’anglais, mais une langue amie est venue conquérir ma bouche. Le souvenir qu’il m’en reste ? Je n’ai pas aimé cette grosse limace baveuse, qui tournoyait, malhabile dans ma bouche encore occupée par une clôture censée m’aligner les dents. Si l’alignement a parfaitement réussi, le baiser lui, fut le premier de mes échecs. Il faut dire que le garçon manquait d’ardeur et de tact, que je l’avais sans doute quelque peu provoqué et que c’était surtout pour rendre enragées mes copines, qu’il s’est trouvé élu.
Ce baiser a eu lieu sous un préau, un jour de pluie, au vu et su de toutes mes amies qui ne m’en croyaient pas capable. Un geste de bravoure, de bravade plutôt ! Lui ! Le garçon ? Oh ! Ce n’était personne ! Un insignifiant gamin, mais il était là, présent au bon moment, au bon endroit. Sa tête n’a pas marqué ma vie d’une trace indélébile et j’ai vite oublié les traits de son visage. Je garde quand même l’image de la gueule de mes potines alors que j’empoignais ce gaillard par le cou et que nous nous reléchions les babines. Il n’a eu que cet unique coup de langue, je ne l’ai plus revu, mais les autres filles et moi en avons beaucoup parlé.
Pour elles, c’était comme si je venais de gravir… l’Everest, ou de marcher sur la lune ! Pour moi, ce n’était qu’un coup de force de plus, pour marquer ma différence ! Je suis ce jour-là, devenue l’héroïne de ces gamines aussi pucelles que moi. J’ai forcé leur respect par un acte aussi bête qu’inutile, mais je ne le savais pas sur le moment. Mais trois jours plus tard, j’étais devenue pour les mecs de mon quartier « la fille qui roule des pelles », enfin une mini salope, une salope en herbe quoi ! Cette histoire, mes amies devenues femmes me la ressortent encore, de temps en temps, pas trop, mais c’est simplement parce que nous ne nous voyons pas souvent !
Puis il y a eu… Prégoutte ! Qui s’en souvient de nos chemises bariolées, de nos fleurs dans les cheveux, pour un festival de « pop musique » qui a eu lieu dans un trou paumé de nos Vosges ? Rupt sur Moselle ! Qui peut dire que cette manifestation musicale a laissé des traces dans son esprit ? Et pourtant celle-ci a marqué le début de ma vie de femme, la fin de mon pucelage ! Au rythme d’accords endiablés, je me tortillais sur un terrain ordinairement occupé par… des vaches. Il était là ! Cheveux longs et blonds, cheveux flottant dans le vent. Qu’avait-il de plus que les autres qui, comme nous se balançaient sur les accords d’une musique au son médiocre ? Pourquoi mon ventre s’est-il mis à sonner l’alarme, pourquoi mes hormones femelles se sont-elles réveillées là ? Pour lui ?
Aucune de ces questions ne s’est posée à mon esprit seulement alerté par ce danseur fou, et je me suis dirigée d’instinct vers celui qui m’attirait sans que je m’en rende vraiment compte. Il avait une barbe de trois jours, aussi blonde que sa chevelure ! Pour moi, Jésus descendu de sa croix ! Quelle conne quand j’y songe aujourd’hui ! La première chose qu’il m’a dite ?
— Tu veux une clope, tu es une chouette fille !
Imbécile que j’étais, j’ai tendu la main et le cylindre de tabac s’est retrouvé dans ma main ! Jouer aux grandes filles ! Ça a commencé par une toux du diable ! Ça l’a fait rigoler, mais moi beaucoup moins. Il m’a tapé dans le dos et j’ai retrouvé mon souffle, mais je n’ai pas cessé de fumer… pour autant. Je ne l’ai plus quitté d’une semelle, il était mon soleil, comme si je savais à ce moment-là ce que cette phrase impliquait ! « Ra » n’avait pour toute fortune qu’un sac de couchage usagé, et il nous a servi de couche pour une nuit dont je ne garde pas un souvenir impérissable ! C’est pourtant là que dévêtue au milieu d’autres couples aussi à poils que nous, j’ai eu mon premier accouplement.
Pour la tendresse, autant que je m’en souvienne, deux ou trois caresses, puis il m’a mis son truc dans la chatte. Il s’est secoué quatre à cinq fois, en soufflant comme un phoque sur moi. En criant comme si on l’égorgeait, il a retiré sa trique de mon ventre, essoufflé, à demi bourré. Et moi, moi qui croyais déjà en l’amour éternel ! Bienvenue chez les crétines ma petite Claude ! Mon ventre, aspergé par sa liqueur visqueuse, et même pas un mouchoir pour m’essuyer.
Au petit matin, mon soleil avait perdu tous ses rayons et moi mon pucelage. Seules subsistaient, sur mes cuisses, de petites taches de sang, et quelques gouttes de sperme, séchées. Le lit de nos amours disparaissait de mon ciel des Vosges aussi rapidement qu’il y était apparu. J’avais quand même compris ce matin-là, deux choses essentielles : Qu’il ne fallait pas faire confiance aux mecs et que le sexe, ce n’était pas terrible ! Bien surfaite, la réputation que le cul était magique, que c’était bon et que nous tendions à le rechercher toujours ! Le festival et ses Hippies ont quitté les lieux sans espoir de retour, et moi ? Ben je n’étais plus vierge ! Mais le monde lui, continuait de tourner sans sourciller
J’ai encore aujourd’hui la même vision des choses, bien que je me sois beaucoup assouplie sur l’histoire de la confiance, il reste quand même un zeste de soupçon toujours ! Je n’ai plus côtoyé d’homme avant l’été suivant. En vacances en Auvergne chez mes grands-parents. Celui-là a été un merveilleux moment de détente pour moi ! Bien que je soupçonne maintenant de n’avoir été que cela pour lui, une jolie parenthèse de vacances. Dix-neuf ans, une tignasse rousse et des airs de Gavroche, de l’image que je me faisais d’un « titi parigot ». Il a pourtant pris son temps pour d’abord ouvrir mon corsage, puis aller se promener sur des sentiers encore peu usités. Nous sommes sortis tous les soirs d’un mois d’août torride, climatiquement parlant ! La piscine, la journée nous offrait un refuge loin des regards indiscrets.
C’est dans le jardin fleuri de mon grand-père qu’une nuit, il a osé enfin m’embrasser et là, révélation ! Ce baiser n’avait rien à voir avec les deux ou trois que j’avais pratiqué. J’ai apprécié ces lèvres douces venues entrouvrir les miennes, j’ai adoré cette langue tendre qui s’emmêlait dans d’agréables arabesques autour de la mienne. Seul, mon souffle coupé m’a obligé à mettre fin à ce langoureux baiser. C’était pour mieux le reconstruire, mieux le faire renaître des cendres du précédent. Comme ces fumeurs qui allument une cigarette au mégot de la précédente ! Nous avons passé la moitié de la nuit à nous bécoter.
Ce qui a suivi après les baisers, a totalement contredit ce que je savais sur le sexe. Les mains du jeune homme, Léo, c’était son prénom, les mains de Léo ont su allumer, quelque part en moi, un véritable brasier. Avec des tremblements dans les gestes, ses doigts ont pris le temps pour découvrir à chaque bouton de mon chemisier un peu plus de cette peau que je ne montrais pas. Les caresses qui ont fait monter la température de mon envie restent gravées là, au fond de moi. Elles ont encore aujourd’hui le goût de la douceur, de la tendresse !
Pas à pas, sans rien brusquer il m’a apprivoisée, m’a démontré que si les mouvements sont tendres, le cœur peut aussi suivre le tempo. Au milieu de cet Aubière, dans la rue des Meuniers, il a su avoir les attentions et cette parcelle de bon sens pour que je ne sois plus moi-même. Le reste ne pouvait plus qu’être d’une simplicité déconcertante. Il n’a pas eu à guider mes mains pour qu’elles découvrent des bosses et des creux, qu’elles explorent tout ce qui fait la différence entre une femme et un homme. Ses lèvres, qui sur les miennes, avaient su faire vibrer la corde féminine la plus sensible, m’ont également appris qu’elles pouvaient aussi emprunter bien d’autres pistes aussi agréables. Le plaisir tient parfois à la manière dont il est présenté. C’est cet été là, que ma vraie vie de femme a débuté. C’est à partir de la nuit qui venait de se passer que j’ai su que j’aimais le sexe. Quand je dis aimer, c’est plus que cela, c’est en avoir envie souvent, partout, à la folie, sans demi-mesure.
Léo, si un jour tu lis ces mots, sache que tu as su allumer en moi le feu sacré, celui qui me mène à la quête de jouissance, que dis-je de la jouissance avec un grand J majuscule. Et tu n’en as jamais rien su ! Quand, toute frémissante de découvrir ce qui dans ma main grossissait de si belle manière, quand j’y ai enfin laissé passer ma langue, j’étais perdue dans les méandres bizarres des envies toutes sexuelles. Tu m’as simplement prise comme un homme doux cette nuit-là, tu m’as amenée sur des chemins qui m’ont donné envie d’y revenir. Ensorcelée par un vrai besoin, celui d’aimer, d’aimer physiquement, il me fallait après toi, trouver le compagnon de route qui saurait me faire garder ce désir. Ma quête alors ne faisait que débuter. Elle devait durer de longues années. Mais quelles recherches, quels détours n’ai-je pas dû faire pour trouver ce bonheur imparfait, mais bonheur quand même de dire « Je t’aime » à celui qui est toujours à mes côtés.
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Dans ce déferlement de tentatives hasardeuses, bien sûr il y a eu des moments somptueux puis d’autres, bien plus vulgaires, voire même des essais regrettables. Quelques prénoms qui me reviennent en mémoire avec des comportements pour le moins singuliers. Je pourrais en prendre quelques-uns au hasard, juste pour un sourire, ou une larme, enfin des émotions si radicalement opposée que je me demande comment j’ai pu parfois, vivre ces choses-là.
Charles ! Ah que voilà un sujet de choix ! Il m’a fait une cour effrénée devant mes amies, comme si sa vie en dépendait ! Il m’offrait des fleurs et venait déballer sa musculature impressionnante, au nez et à la barbe des filles qui me fréquentaient ! Seulement, le soir où j’ai enfin accepté son invitation, puis, qu’il m’a ramené chez lui, quel spectacle affriolant qu’un pénis de cinq centimètres qui n’a jamais voulu, malgré tous mes massages, se mettre au garde à vous ! J’ai tout tenté, j’ai mis ma bouche à l’ouvrage pour n’avoir qu’un maigre savon fuyant entre les lèvres après deux heures d’efforts. Charles et ses grands airs, Charles qui m’avouait en pleurnichant qu’il n’arrivait pas à avoir une érection correcte ! Charles qui s’était trompé de route, n’es-tu pas plus heureux aujourd’hui avec ton ami Alex ?
Mais bon, les instants sympas sont souvent le fruit du hasard. Je ne citerai que celui où un soir, alors que je circulais en train de banlieue pour rejoindre ma minuscule chambre d’étudiante sur le campus de l’université Paris XIII, un homme d’environ quarante ans s’est assis en face de moi. Absorbée par la lecture de polycopiés remis pour notre professeur de droit, je ne l’avais pas remarqué tout de suite. Ma jupe légèrement relevée dévoilait une petite partie de mes cuisses. Rien d’anormal me direz-vous ! Une feuille s’est détachée de la liasse que je tenais et il s’est baissé pour me la ramasser. Suivant son geste des yeux, j’ai compris instantanément, alors que son visage remontait avec le papier entre les doigts que son regard venait de plonger directement bien plus profondément que la décence ne l’autorisait.
Loin de me gêner, j’ai voulu jouer le jeu et mes deux jambes se sont légèrement écartées l’une de l’autre. L’inconnu, rouge écarlate, m’a tendu en tremblant le polycopié, mais il n’osait plus me fixer dans les yeux. Le wagon était vide alors je me suis surprise à l’aguicher vraiment, par jeu, par bravade. Il avait une bosse énorme qui déformait sa braguette et la pitié, alliée à une envie naissante, c’est moi qui ai pris l’initiative. Sortant de mon sac une bouteille de jus de fruit, j’ai fait comme si j’en renversais sur lui. Les quelques gouttes tombées sur son pantalon m’ont bien entendu, servi de prétexte pour, à l’aide d’un mouchoir jetable, essuyer l’endroit souillé.
Le pauvre mec, les yeux exorbités, bredouillait des mots que je ne comprenais pas. J’ai fignolé le travail en passant à maintes reprises sur cette braguette hyper tendue. C’est quand il s’est aperçu que j’avais par erreur… fait glisser la fermeture éclair qu’il s’est trouvé le plus gêné. Alors tranquillement, je lui ai souri, et lui ai demandé le plus sérieusement du monde :
— Je peux regarder si le jus de fruit n’a pas fait de dégât sous le tissu ?
—… !
Sans réponse, j’ai donc considéré que je pouvais visiter les lieux. La bosse s’est transformée en tige rose et dure. La chaleur de celle-ci m’a incité à en prendre la température et comme pour ce faire, je n’avais que ma bouche ! Et bien, ce sont mes lèvres qui se sont chargées du constat. Le visage de l’homme est passé du rouge au violet, mais il n’a jamais tenté un seul geste pour arrêter cette gâterie inattendue. Tétanisé, il a quand même attendu la gare de Versailles, pour se laisser aller à vider sa semence sur son beau pantalon, puisque j’avais retiré ma bouche quelques instants auparavant et que ma main avait pris le relais. À l’arrêt du train, il a prestement remis son engin à sa place et sans un seul regard ni un au revoir, il a sauté sur le quai. Une jolie femme blonde l’attendait là !
Je pourrais citer des dizaines d’anecdotes du même tonneau. Mais à quoi bon ressasser ces souvenirs enfouis bien au chaud dans un tiroir de mon esprit ! Dans la catégorie expérience réussie, je pourrais aussi quand même parler de Martin. Un grand gaillard de trente ans qui me draguait depuis plusieurs semaines. Puis fatiguée sans doute de ces relances incessantes, sur le campus, nous sommes allés dîner un soir tous les deux. Un restaurant de bonne factures, un repas correct, mais pour une étudiante sans trop de sous, c’était beaucoup. Martin habillé comme un mannequin ! Martin tiré à quatre épingles, et moi à son bras qui n’avait en tout et pour tout dans mon mince dressing qu’une robe et une jupe.
J’avais choisi la jupe noire avec un petit sweet gris, qui me moulait bien la poitrine ! Des chaussures à talons à me donner le vertige si je regardais le sol et finalement, j’étais bien, assise face à cet homme qui me dévisageait sans fausse pudeur. Les yeux de Martin pétillaient d’un bonheur sans nuage. Il me parlait et la musique de sa voix berçait mes oreilles d’un son qui me rendait bizarre. Quand il a pris ma main sur la table, j’ai su que celui-là avait quelque chose en plus, de différent des autres. Le repas fut un réel rêve et la soirée qui suivi m’a apporté bien des surprises, heureuses finalement.
Emmenée chez lui, dans une sous-pente parisienne, ancienne chambre de bonne louée à des étudiants, l’endroit s’est révélé être paradisiaque. Alors que nous faisions l’amour sous les toits, que Martin avait réussi à me donner de telles envies que je n’en pouvais plus de l’attendre, deux de ses amis sont arrivés dans la chambre. Pas besoin de clé pour entrer dans l’antre de Martin. Sans bruit, je ne les ai jamais entendus venir. Quand je me suis aperçue que deux mecs nous mataient, j’avais déjà la pipe aux lèvres et ma chatte était investie par des doigts affolants. Comme il n’a jamais arrêté ces gestes crapuleux, je n’ai fait que suivre le mouvement. Je n’ai plus vraiment la notion de l’instant où les lascars se sont introduits dans le jeu et… ailleurs.
Il me reste cependant le souvenir que j’ai joui si fort cette nuit-là, que j’ai tant aimé cette manière de passer de l’un à l’autre, d’être le centre de toutes les attentions de mâles en chaleur, que j’en ai attrapé le virus de la pluralité masculine. Ils m’ont baisé par tous les trous accessibles, ils m’ont limé tellement que j’ai fini par demander grâce en fin de nuit. Mais le plus curieux de l’histoire, c’est que l’air satisfait et heureux que chacun d’entre eux arborait lors de mon départ, m’a convaincu à jamais que le cul pouvait aussi se conjuguer à plusieurs.
J’ai souvent, depuis ce soir mythique, renouvelé ce genre de combat où les adversaires sont parfois des amants efficaces, mais peuvent aussi se révéler bien médiocres. Le nombre fait que j’y trouve toujours mon compte au final et n’est-ce pas ce qui importe le plus ?
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Les études aussi un jour prennent fin ! Jeune diplômée de la faculté de droit, il faut un jour se lancer dans une vie dite active. Pour moi, pas de souci, le cabinet d’avocat de « papa » avait les portes grandes ouvertes. Mes premières armes dans un prétoire, cœur battant devant ces gens en robe qui jugeaient des affaires extraordinaires pour moi. Tranches de vie réelles celles-là, tête basse sur fond de misère humaine, pauvres poivrots qui venaient là pour s’entendre retirer le permis de conduire ou pour que je défende leurs maigres ressources d’ouvrier, dans d’épiques combats entre époux ! Mais pour moi, le choc a eu pour prénom Michel !
Châtain, un mètre quatre-vingt, un sourire à damner tous les saints du paradis, et surtout des yeux… des yeux d’un bleu incroyable. Au premier regard, j’étais perdue pour toujours dans des rêves de bonheur à venir. Lui aussi avocat ! Il plaidait cependant déjà dans la cour des grands, lui ! Le pénal ! Brillant, génial à mes yeux, je pense que je l’ai aguiché presque tout de suite. Enfin j’ai pour le moins minaudée tant et si bien que deux semaines plus tard, j’étais chez lui et j’avais oublié la couleur de la robe que je portais.
Ses mots me touchaient autant que ses gestes. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un d’aussi calme, d’aussi doux sous tous les angles. Nous avons parlé longuement, de nos carrières, de nos attentes, de nos vies en quelque sorte. Quand il m’a demandé soudain :
— Si je vous posais une question, me répondriez-vous franchement ?
— Allez-y toujours, vous verrez bien !
— Qu’aimeriez-vous plus que tout au monde ?
— Vous faire l’amour en ce moment et le faire chaque fois que j’en ai envie
—… ! !
— Cela vous choque ? J’aime le sexe, le cul quoi ! Je sais bien que ce ne sont pas des propos que devrait tenir une jeune femme, mais vous voulez de la franchise ? Alors c’est ma réponse !
— Eh ! Ben ! Vous au moins vous êtes directe ! Et en plus vous me faites de l’effet !
— Je peux voir ? Toucher ?
— C’est à ce point urgent ? Vous êtes belle et je ne me lasse pas de vous regarder !
— Quand vous avez soif, vous buvez ! Quand vous avez faim, vous mangez et bien moi j’ai envie de baiser avec vous là, maintenant ! Alors on s’y colle ou je dois trouver un autre partenaire ?
— Je serais un imbécile de ne pas en profiter, un con même, si j’en juge par ce que devine, là, sous ces vêtements qui suggèrent bien plus qu’il n’est permis de le faire.
Notre histoire venait de commencer, là dans la maison qu’il louait, non loin du palais de justice d’Épinal. J’ai dû lui arracher plus que je ne les retirais les habits qu’il portait. De son côté, il n’est pas resté inactif non plus. J’ai vu ces longues mains, blanches, fines qui sans hâte venaient décacheter, un à un, les trésors que je cachais sous des fringues bon chic bon genre. Il m’a découverte comme s’il s’agissait d’un bonbon ! Une bêtise sans doute ! Une image pas sage d’Épinal que cet homme sans précipitation découvrait lentement. Les grandes manœuvres de Michel, mêlées de longs baisers qui me coupaient le souffle, m’attiraient vers son corps comme une mouche engluée dans une toile d’araignée.
Puis j’ai su ce soir-là, que toutes les sensations pouvaient s’avérer fortes, voire violentes alors qu’il me demandait de ne plus bouger, tout en insistant sur des caresses tellement ciblées que j’en frémis encore à l’évocation de leurs simples souvenirs. Sa langue a finalement remplacé ses doigts pour chercher partout, dans chaque repli de mon anatomie des points qui me rendaient folle ! Mais quelle douceur dans ces caresses pour m’amener vers le plaisir suprême ! Quelle tendresse sublime également pour me retenir prisonnière de ses grands bras musclés !
De baiser en baiser, de tendres câlins en caresses magiques, mon corps tout entier s’est ouvert à cet homme qui n’en espérait pas moins. Il m’a prise, reprise à de nombreuses reprises, m’amenant même vers ses envies de cet endroit que les hommes et les femmes ont en commun sans que j’en sois le moins du monde offusquée. Il y a mis toute la douceur possible et a fait de moi une grande prêtresse de cette forme marginale d’amour physique.
Les jours et les nuits qui ont suivi, j’ai recherché le contact avec lui. Mon cœur s’est mis à battre pour cet homme et nous ne sommes plus jamais vraiment quittés. Un mariage nous a réunis officiellement et le cabinet de « papa » est un jour devenu « notre » cabinet. Nos rêves d’avoir un joli toit se sont aussi concrétisés avec l’acquisition d’un merveilleux morceau de terre sur les berges d’un joli lac des Vosges. Puis une belle demeure toute en bois, érigée sur ce bout de paradis, est devenu le Saint des Saints de nos amours.
Mes rêves de têtes blondes ont, par contre, disparu avec les résultats de nombreux examens médicaux. Aucun rire d’enfant n’est venu remplir cette espace de vie que nous adorons ! Alors nous avons cherché d’autres dérivatifs à nos soirées trop solitaires. Tu m’as souvent fait comprendre à demi-mot tes espoirs, tu m’as donné d’autres envies.
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J’ai appris avec toi que le cœur n’est pas vraiment le lieu de cet amour que tu m’as fait découvrir. Tu as su allumer dans mon esprit des lumières nouvelles, m’emmener sur des chemins de traverse. J’ai mis pour toi mon corps en évidence, avec des artifices de femme ! Une jolie jupe ou un corsage moulant peuvent en dire bien plus qu’une nudité trop crue. Je suis devenue une adepte inconditionnelle des bas, des porte-jarretelles, de toutes ces finesses de lingerie qui ont le don de donner envie aux hommes.
Tu m’as appris à aguicher sans être inconvenante, à montrer sans dénuder. À attirer les regards comme un aimant par des escarpins si hauts, qu’ils me donnent le vertige. Combien de fois, croiser et décroiser les jambes, a-t-il égaré les yeux de bons pères de famille, dans des restaurants où nous dînons, toi et moi ? Sentir peser sur moi, ces envies éphémères, ces désirs passagers reste une délectation dont je ne saurais me passer désormais. Inutile de dire que dans notre lit le soir, après avoir été soumise à ces instants de tension extrêmes où la honte fait alliance avec une envie de plaire, je savoure sans remord toutes les caresses que tu me prodigues avec fougue.
J’ai parfois aussi adoré ces soirées où tu fais de moi la cible de spectateurs avertis et avisés que tu invites au festin de mon corps. Celui-là même que tu offres à leur vision lubrique. Cette impression de chaleur quand des mains inconnues tentent, en tremblant, d’ouvrir les boutons, les pressions et autres fermoirs qui retiennent les nippes compliquées dont tu me demandes de m’affubler pour ces moments où l’ivresse de la découverte me fait délirer. Les ordres que toi seul me donnes, du plus ténu au plus cru, quel plaisir ils m’apportent de savoir que je ne suis que ta chose parfois.
Tu es donc devenu ma drogue. Je roule mes hanches de manière suggestive, dans le seul but de faire naître le désir. Celui des promeneurs ou spectateurs inconnus qui suivent les courbes de ces fesses qu’ils imaginent, et à coup sûr le tien, puisque tu te sers de celles-ci, sans objection de ma part. Je t’aime et j’aime cette vie, je partage aisément ces instants de bonheur avec ceux que tu choisis.
De ces jeux étranges auxquels nous jouons, j’ose juste espérer que tu en retires un plaisir analogue à celui qui parcourt ma chair. J’arrive parfois à me dire que je ne suis qu’une longue jouissance. Une explosion d’envies et mes mains caressent sans que mes yeux ne voient ceux qui gémissent sous elles.
J’ai fait beaucoup de chemin depuis ce « Prégoutte » de la préhistoire de ma vie et jusqu’à cette aube de ces demains que tu me promets. Je sais aussi seulement que j’ai enfin trouvé la perle rare. Celui qui a su faire vibrer le meilleur de moi. Pour rien au monde je ne voudrais refaire la route en marche arrière. Et je suis encore plus prête à te suivre dans nos folies !
Merci !